F comme Folie

L'indignation, je comprends. L'émotion aussi.

Mais Stop, là ! Arrêtez ! Ça suffit y en a marre ! On n'en peut plus !

Ce débat en plateau là tantôt, c'était une honte ! Bourreau contre suppliciés ?

Un très éminent historien s'y est fait bonnement étriller par trois freluquettes de pas la moitié de son âge,

comme s'il était coupable de penser en intellectuel et érudit, un de nos Académiciens, tout de même ;

comme s'il défendait la colonisation parce qu'il ne verse pas dans la caricature et tente de calmer le jeu ;

comme si les deux autres intervenantes, embrigadées moi je dis, détenaient forcément LA vérité la seule ;

comme si leur réflexion à elles n'était pas complètement biaisée par leur militantisme ;

comme si l'animatrice avait le droit d'être d'un tel parti pris en faussant tout ;

comme si un demi-siècle à un siècle ne vous changeait pas complètement une mentalité dans un pays ;

comme si les trois quarts de la population n'était pas née "après" et bien bien à l'écart de tout ça ;

comme si elle ne pouvait pas ne pas avoir été imprégnée de tous les clichés d'avant et les cultivait avec bonheur !

La rage en moi s'épanouit un peu plus à chaque fois que le sujet revient sur le tapis,

toujours plus accusateur de millions de citoyens qui n'y peuvent rien mais ne s'engagent pas ;

comme s'ils nous facilitaient la cohabitation, eux d'abord ;

comme si l'on n'avait pas le droit d'évoquer leur incessante paranoïa ;

comme si je ne m'étais pas fait ma propre idée en cinquante ans de rencontres :

ma propre défiance, pour tout dire, rien qu'à fréquenter quelques étudiants du temps que je l'étais,

et tout le reste qui a suivi ;

comme si, vraiment, c'est à leur couleur de peau que l'on en avait...

et comme si, bien sûr, je n'avais pas le plus grand respect pour l'Haïtien académicien ;

et Paul mon voisin physicien que ses compatriotes ont fini par écharper sinon étriper, et sa courageuse veuve !,

et n'adulais Mandela et son noble combat et les Îles de Paix et le leur. Et même Pié Tshibanda et le sien.

Mais ils nous pompent, les Africains qui cachent sous trop d'assurance et trop de vent, cultivés avec bonheur,

toutes ces blessures que nous ne leur avons pas causées.

Pas moins du moins...